Le désir sexuel: Les avives-désir
Je catégorise ici des concepts qui, universellement, stimulent le désir sexuel. Comparativement aux accélérateurs de désir, étant davantage spécifiques à chaque individu, les avives-désir sont des concepts-clés à la cultivation d’une sexualité propice au désir.
L’admiration
L’admiration donne des étoiles dans les yeux. Admirer son.sa partenaire pour ses compétences sportives, ses accomplissements professionnels ou sa douance artistique peut sembler évident. Nombre de parents développent une nouvelle admiration pour leur partenaire en voyant leur co-parent interagir avec douceur, amour et soin. On peut, toutefois, aussi admirer l’autre pour ses valeurs, son sens éthique, sa maturité, sa résilience, sa détermination. Quelles qualités admirez-vous de votre partenaire? Admirer nous incite à vouloir se rapprocher de l’autre, à vouloir partager le même air que respire cette personne de par la chance qu’on a de l’avoir dans notre vie. L’admiration crée un aura de désir autour du sujet convoité comme si être en contact avec lui prouvait notre spécialité. Elle crée du désir pour ce qui est possible de vivre et d’expérimenter.
2. L’ennui
Dans notre conception de l’ennui en relation, on pense premièrement au fait de s’ennuyer de l’autre. Avoir hâte de se retrouver après une période d’absence déclenche l’envie et le désir de reconnecter. J’entends aussi l’ennui dans le sens de base: n’avoir rien à faire. Quand le temps et l’espace ne sont comblés par rien, l’esprit cherche des façons de se stimuler. L’imagination enclenche la question “Qu’est-ce que je peux bien faire?” La sexualité peut être une façon de combler ce temps. L’ennui pousse à imaginer des scénarios, à évaluer ses envies et son niveau de disponibilité. Ainsi, le désir émerge du moment qu'une envie, qu’un ouverture vaut assez la peine de s’activer.
3. La connexion
Premièrement, la connexion amène la connexion. Le désir de connexion sexuelle est, pour certain.es, la suite logique d’une connexion émotionnelle, intellectuelle ou spirituelle. Pour d’autres, le désir de connexion sexuelle est la façon primaire d’entrer en contact avec l’autre. Se sentir vu.e, entendu.e et compris.e par son.sa partenaire crée un univers de sécurité affective dans laquelle la vulnérabilité est accueillie. Cet échange de vulnérabilité donne le goût de se livrer, de se donner et de recevoir. Ainsi, s’il est sécuritaire d’être vulnérable et si la vulnérabilité est embrassée, les inhibitions tombent peu à peu. La connexion qui en découle fait alors naître un désir d’approfondir ce qui se vit et ce qui est possible. Connecter à l’autre déclenche le désir de se connecter encore plus.
4. La nouveauté
Vous rappelez-vous de votre dernière première fois? La dernière fois que vous avez fait quelque chose de nouveau. Force est de penser que la nouvelle activité ou expérience a créé de la hâte, de l’excitation, voire de la nervosité. Quand on vit une première fois, que ce soit une nouvelle rencontre, un lieu qu’on découvre ou une expérience inconnue, on se souvient généralement des détails, des émotions et des réflexions qui en ont découlé. La nouveauté crée une excitation de découverte de soi, de l’autre, du monde. Faire le choix du nouveau tourne souvent autour de ce qu’on désire ou peut-être même d’un défi qu’on se donne. La nouveauté éveille l’esprit, stimule nos réflexions vers nos envies et le type de sensations qu’on recherche. La nouveauté avive le désir sexuel en donnant hâte à ce qui s’en vient.
5. L’interdit
Autant les règles et les limites permettent un sentiment de sécurité, autant l’esprit rêve de les enfreindre. L’interdit des conventions sociales, des règles conjugales et des codes moraux ouvrent la porte à se vivre d’une manière que l’on ne se permet pas tous les jours. Jouer avec l’interdit peut faire vivre une version de nous-même qu’on refuse, qu’on juge ou qu’on n’accepte pas totalement. L’interdit crée une excitation de par l’apport de danger et des possibles conséquences qu’impliquerait la transgression, et surtout de par l’espoir d’y échapper. Il est important ici de faire la distinction entre une exercice nuisible et une exercice éthique de l’interdit. L’un tend vers l’illégalité, la violence et l’abus alors que l’autre reste dans le respect et le jeu. Toute expérience de l’interdit doit se faire en conscience des dommages et risques possibles et dans le respect des paramètres du jeu.
6. Le jeu
L’essence même du jeu est le plaisir. Jouer fait ressortir le coeur d’enfant, stimule l’imagination et élargit le champ des possibles. Le jeu amène une dimension nouvelle à ce qui vit en nous et à ce qui est possible avec l’autre. Ce n’est pas pour rien que les jeux de rôle sont des activités sexuelles intéressantes. Approcher la sexualité par le jeu ajuste les attentes, diminue le stress de performance et invite les envies à faire surface. Comme un enfant, on peut se poser la question “À quoi ai-je envie de jouer?”. Nos réponses témoignent alors de nos intérêts, de nos envies et surtout de l’univers dans lequel on souhaite entrer. Se permettre de jouer et d’avoir du plaisir dans les différentes sphères de la vie transpose une même approche dans la sexualité.